Des sculptures issues du jubé de la cathédrale Saint-Jean à Besançon
En plein cœur du XVIe siècle, le chapitre de la cathédrale Saint-Jean de Besançon décida de faire construire un jubé, c’est-à-dire une tribune et une clôture de pierre séparant le chœur liturgique de la nef, contre la cloison fermant l’espace liturgique des stalles. Une telle construction répondait aux besoins de la liturgie, - prêche, lecture des Évangiles et chant –, et protégeait les moines et les chanoines des courants d’air et du froid.
Afin de mener à bien ce projet, il se tourna vers un sculpteur alors actif et reconnu dans la région, Claude Lullier (1510-1580). Un modèle est exécuté en 1549, les sculptures sont achevées entre avril 1553 et septembre 1554, date à laquelle les comptes sont soldés, ainsi que le rappellent les délibérations capitulaires. Malheureusement, le jubé est détruit en 1792, peut-être à la demande de l’oratorien Étienne Roy curé constitutionnel de Saint-Jean.
La façade du côté de la nef, construite sur le modèle de l’arc de triomphe antique, était rythmée par quatre colonnes doriques cannelées posées sur des piédestaux et complétées par des pilastres lisses. Ces colonnes supportaient un entablement, lui-même surmonté d’un attique orné de balustres et servant de garde-corps à la tribune. Elles encadraient, au centre, la grande porte cintrée, et sur les côtés, deux séries de trois niches abritant des statues.
Les trois statues des saints Ferréol, Ferjeux et Étienne, destinées aux niches évoquées plus haut, sont déposées au musée depuis 1909, suite à la confiscation des biens à l’archevêché en 1905. Un bas-relief de la Cène et un saint sont encore à la cathédrale.
Ces vestiges donnent la possibilité d’évoquer le jubé, un type de construction très diffusé en France à partir du XIIIe siècle et dont la réforme de l’église, à partir du troisième tiers du XVIe, a conduit à l’abandon et souvent à la destruction. Destructions perpétrées jusqu’au XIXe siècle, si bien que seuls quelques exemples, comme celui de l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris, subsistent in situ. Les statues du musée apparaissent donc comme un extraordinaire témoignage d’un patrimoine disparu.