RÉSISTANCE AUX ANTIBIOTIQUES : LUTTER CONTRE LA FORMATION DE BIOFILMS BACTÉRIENS
Grâce au soutien d’AXA, la FRM pourra financer les travaux du Professeur Jean-Marc Ghigo sur la résistance aux antibiotiques dont voici le projet dans son ensemble.
LE CONTEXTE
La résistance des bactéries aux antibiotiques constitue l’une des plus graves menaces sur la santé au niveau mondial. Toutes les catégories de la population sont concernées : du nourrisson à la personne âgée.
En présence d’antibiotique, la bactérie s’adapte de manière naturelle et met en place des mécanismes pour survivre. Malheureusement, en raison de l’utilisation massive et du mésusage de ces traitements chez l’homme et l’animal, le processus s’accélère et s’intensifie. Les antibiotiques perdent de leur efficacité et de nombreuses maladies (pneumonie, salmonellose, tuberculose…) sont plus difficiles à traiter.
Avec son équipe, Jean-Marc Ghigo s’intéresse aux bactéries qui se développent sous forme de biofilm (communautés de bactéries fixées à une surface, secrétant une substance qui les agrège et les protège). Ces dernières peuvent coloniser le matériel chirurgical (cathéters, valves, prothèses…) et une fois libérées dans l’organisme, elles entraînent notamment des infections nosocomiales.
A l’intérieur du biofilm, les bactéries acquièrent des propriétés nouvelles et développent une forte tolérance aux antibiotiques à l’origine de nombreux échecs thérapeutique. C’est pourquoi Jean-Marc Ghigo cherche à comprendre les mécanismes de cette tolérance aux antibiotiques rôle de ce biofilm sur l’apparition des résistances.
QUELLES SONT LES ACTIONS CONCRETES ?
Au sein du biofilm, les bactéries ne sont pas toutes dans le même état physiologique. Certaines d’entre elles sont « dormantes » - on parle de bactéries « persistantes » - et présentent une tolérance élevée aux traitements antibiotiques. Cet état de dormances est transitoire et les persistantes redeviennent sensibles lorsqu’elles entrent à nouveau en activité. Cet état dormant participerait activement à l’émergence d’une résistance aux antibiotiques mais les mécanismes en jeu restent aujourd’hui mal compris. Jean-Marc Ghigo et son équipe souhaitent explorer cet aspect, au travers d’une étude comportant trois grands objectifs :
- Evaluer la capacité d’une bactérie fréquemment impliquée dans des infections chez l’homme, Escherichia coli, à former des biofilms en fonction de son environnement ;
- Identifier les caractéristiques des biofilms les plus propices au développement de bactéries persistantes ;
- Etudier les relations entre persistance bactérienne et apparition de la résistance aux antibiotiques.
QUELS RESULTATS ONT ETE OBTENUS JUSQU’A MAINTENANT ? QUELS SONT LES OBJECTIFS POUR LA SUITE ?
Depuis plusieurs années, la FRM se mobilise pour soutenir les chercheurs dans la lutte contre les résistances bactériennes aux antibiotiques.
L’équipe de Jean-Marc Ghigo a déjà reçu en 2014 un financement de 273 000 € pour réaliser des recherches sur le sujet. Grâce à cette somme, son équipe est parvenue à caractériser de nouvelles molécules bactériennes impliquées dans la formation de biofilms. Ces molécules pourraient être utilisées pour diagnostiquer et surveiller les processus infectieux.
Toujours avec le même financement, les chercheurs ont développé un modèle in vivo pour évaluer des approches anti-biofilms. Une des stratégies développées vise à limiter la formation de biofilms sur les cathéters, et est actuellement au stade d’étude clinique.
Ces travaux, effectués entre 2014 et 2017, ont été très prolifiques, donnant lieu à 19 publications et au dépôt d’un brevet.
Ces efforts doivent être poursuivis afin de développer de nouvelles stratégies pour prévenir la résistance aux antibiotiques, notamment en milieu hospitalier.